Opus Haute Définition e-magazine

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Opus Haute Définition e-magazine numéro 48, 15 novembre 2008

Anton Bruckner

Messe en mi mineur. Motets.

SWR Vokalensemble Stuttgart. Marcus Creed (direction)

Hänssler Classic 93.199, Intégral Distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

Toute la musique de Bruckner semble mener à dieu, l’inspirateur, le protecteur des heures sombres, celui qui se vit dédier l’ultime symphonie inachevée du maître de Saint Florian. Une musique symphonique purement romantique, puissante, bien de son temps, mais qui paradoxalement semble ne pas faire écho à sa musique sacrée, tant celle-ci paraît d’un autre temps, d’un autre âge, embrassant d’une même voix nombre de courants formels. Ernst Kurth, le biographe de Bruckner écrivit : « On observe chez Bruckner ce sentiment élémentaire qui avait imprimé sa marque à l’ancienne messe française aussi bien qu’à la messe néerlandaise, à la réforme de la musique d’église entreprise par Palestrina, à l’Ecole romaine et vénitienne, à toutes les transformations subies par la musique d’église italienne et allemande avec accompagnement instrumental depuis la Renaissance et l’âge baroque autrichien jusqu’au Classicisme ; et c’est ce sentiment qui lui permit de se mesurer, sur le plan de la forme, avec ses modèles classiques en même temps que de concilier l’esprit religieux d’un lointain passé et le souffle romantique. La véritable situation historique de Bruckner, cette aspiration qui, du mysticisme médiéval, l’élève aux sommets de la sensibilité romantique, elle n’apparait nulle part plus nettement que dans sa musique d’église … ». Le présent enregistrement propose la Messe N°2 en mi mineur dans sa révision de 1882 ainsi que des Motets. Marcus Creed, à qui l’on doit notamment des œuvres pour chœur de Brahms extraordinaires, nous comble une nouvelle fois d’un bonheur absolu. L’équilibre parfait des timbres que dégage le Vokalensemble de Stuttgart est un enchantement de chaque instant. Et la musique sacrée de Bruckner prend alors des allures d’éternité. Voici donc un Super Audio CD d’une rare pertinence musicale que l’on placera au sommet.

Jean-Jacques Millo

Mass in E minor. Motets.

All of Bruckner’s music seems to lead to God, the inspirer, the protector of dark hours, to whom the master of Saint Florian dedicated his last unfinished symphony. Symphonic music that is purely romantic and powerful, rooted in its era, it paradoxically does not seem to echo his sacred music, which is of another time and age, embracing numerous formal currents all at once. Ernst Kurth, Bruckner’s biographer, writes: “In Bruckner one notes this basic feeling which put its stamp on the old French mass, as well as on the Dutch mass, on the reform of church music undertaken by Palestrina, on the Roman and Venetian School, on all the transformations sustained by Italian and German church music with instrumental accompaniment since the Renaissance and the Austrian baroque era until the classical; and it is this feeling which allowed him to compare himself, insofar as form, to classic models all the while reconciling the religious spirit of the long past to the romantic spirit. Bruckner’s real historic place, this desire which, starting from medieval mysticism, elevated him to the summits of romantic susceptibility, is nowhere better found than in his church music… .” The present recording proposes his Mass N°2 in E minor in its 1882 revised form, as well as the Motets. Marcus Creed, who has also recorded extraordinary versions of Brahms’ choral works, once again delights us. The perfect tonal balance the Vokalensemble of Stuttgart radiates is a marvel at every moment. Bruckner’s sacred music thereby seems eternal. Here is a Super Audio CD of rare musical pertinence: a summit.

Translation Lawrence Schulman

Disponible surIntegralmusic.fr
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