Opus Haute Définition e-magazine

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Opus Haute Définition e-magazine numéro 234, 24 octobre 2025

Oskar C. Posa

Lieder. Sonate pour Violon. Quatuor à Cordes

Edwin Fardini (baryton). Juliette Journaux (piano). Eva Zavaro (violon). Simon Dechambre (violoncelle). Quatuor Métamorphoses

Voilà! V001, [Integral] Distribution

2 CD stéréo

Le double album « Oskar C. Posa », premier-né du label Voilà ! ressuscite un compositeur tombé dans l’oubli en réveillant une époque, une esthétique, une voix intérieure que le XXe siècle avait étouffée. Oskar Carl Posa (1873–1951), viennois discret, élève de Fuchs et Brüll, ami de Schoenberg et Zemlinsky, n’a jamais cherché la lumière, alors que sa musique la mérite amplement. Ce coffret, fruit de quatre années de recherches musicologiques, nous offre la première anthologie discographique de son œuvre, un corpus de lieder et de musique de chambre d’une intensité émotionnelle et formelle saisissante. Dès les premiers lieder, on est frappé par la justesse du verbe musical. Posa sculpte la parole, épouse le souffle poétique. Ses mélodies, tendues comme des arcs, rappellent Hugo Wolf dans leur acuité prosodique, mais avec une tendresse mahlérienne, une pudeur presque schubertienne. Le baryton Edwin Fardini, voix ample et ductile, incarne ces textes avec une intelligence du mot rare, soutenu par le piano nuancé de Juliette Journaux, dont le jeu se fond dans chaque inflexion avec une souplesse admirable. La « Sonate pour violon et piano » op. 7 est une révélation. Triptyque passionné, elle déploie une écriture dense, contrapuntique, mais jamais aride. Le violon d’Eva Zavaro, lumineux et tendu, dialogue avec le piano dans une architecture sonore d’une grande noblesse. Le « Quatuor à cordes en ré mineur » Op.18, interprété par le Quatuor Métamorphoses, est un chef-d’œuvre de construction formelle et de lyrisme contenu. On y entend des échos de Brahms, de Reger. Ce double album impose Oskar C. Posa comme un maillon manquant entre le romantisme viennois et la modernité naissante. Il inaugure le label Voilà! avec panache dans une qualité éditoriale de premier plan. Une nouveauté indispensable.

Jean-Jacques Millo

The double album “Oskar C. Posa,” the first release from the Voilà! label, revives a composer who had fallen into oblivion, reawakening an era, an aesthetic, and an inner voice that had been stifled by the 20th century. Oskar Carl Posa (1873–1951), a discreet Viennese, pupil of Fuchs and Brüll, friend of Schoenberg and Zemlinsky, never sought the limelight, even though his music richly deserves it. This box set, the fruit of four years of musicological research, offers us the first discographic anthology of his work, a corpus of lieder and chamber music of striking emotional and formal intensity. From the very first lieder, one is struck by the accuracy of the musical language. Posa sculpts the words, embracing the poetic breath. His melodies, tense as bows, are reminiscent of Hugo Wolf in their prosodic acuity, but with a Mahlerian tenderness, an almost Schubertian modesty. Baritone Edwin Fardini, with his rich and flexible voice, embodies these texts with a rare intelligence of the word, supported by the nuanced piano playing of Juliette Journaux, whose playing blends into each inflection with admirable flexibility. The “Sonata for Violin and Piano” Op. 7 is a revelation. A passionate triptych, it displays a dense, contrapuntal style that is never dry. Eva Zavaro’s violin, luminous and tense, dialogues with the piano in a sound architecture of great nobility. The String Quartet in D minor, Op. 18, performed by the Quatuor Métamorphoses, is a masterpiece of formal construction and restrained lyricism. Echoes of Brahms and Reger can be heard. This double album establishes Oskar C. Posa as the missing link between Viennese Romanticism and nascent modernity. It inaugurates the Voilà! label with panache and first-rate editorial quality. An essential new release.

Translation Lawrence Schulman

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