Opus Haute Définition e-magazine

Interview

Opus Haute Définition e-magazine, 29 août 2005

Julia Fischer, l’émotion au présent

Julia Fischer dévore l’instant présent avec une gourmandise insatiable. Son emploi du temps est un des plus chargés au monde et le nombre de villes qu’elle traverse au fil des ans est impressionnant. Et pourtant, en regard de cette vie trépidante de jeune star de 21 ans, ce qui préoccupe, avant tout, Julia Fischer, c’est de savoir comment sera délivrée son émotion du moment. Avec quel chef, dans quelle salle, pour quel public. Et l’œuvre à interpréter sera alors omniprésente, au cœur de ses pensées. Julia Fischer à un caractère d’une force communicative évidente qui ne s’encombre pas encore de compromis. Aller de l’avant semble être sa devise. Jouir de l’instant présent en compagnie de la musique, celle qu’elle joue, celle qu’elle aime, avec bonheur et partage.

Racontez-nous votre parcours. Comment êtes-vous venue au violon ?

J. F. Ma mère est pianiste et voulait que je fasse du violon pour être complémentaire de son instrument. Mais moi, je désirais faire du piano. Mon frère en faisait également, ce qui fait que le piano était occupé toute la journée. Alors sur l’insistance de ma mère je me suis mise au violon.

Et le piano alors ?

J. F. J’ai tout de même fait du piano, un peu plus tard. Mais mon travail au violon était plus important, c’est pourquoi je suis devenue violoniste.

Vous préférez donc le violon ?

J. F. Non, je ne préfère pas le violon. Mais pour mon premier concert avec orchestre à l’âge de huit ans, j’ai joué du violon.

Votre milieu familial est musicien ?

J. F. Ma mère est musicienne, mais mon père est mathématicien.

Pour votre deuxième disque, pourquoi avoir choisi les Sonates et Partitas de Bach plutôt que d’autres concertos ?

J. F. En fait, je voulais enregistrer ces œuvres de Bach pour mon premier disque. Mais mon label Pentatone m’a demandé de choisir, des partitions avec orchestre. J’ai accepté en sachant que mon souhait serait réalisé pour l’enregistrement suivant.

En combien de temps avez-vous enregistré ce disque de Bach ?

J. F. En quatre jours.

Quels sont les violonistes du passé qui vous inspirent ?

J. F. David Oïstrakh, Yehudi Menuhin bien sûr puisque j’ai travaillé avec lui et mon professeur Ana Chumachenko qui était également élève de Menuhin.

Ce sont eux qui vous inspirent le plus ?

J. F. Oui, certainement.

Et les chefs d’orchestre ?

J. F. Lorin Maazel, Giuseppe Sinopoli avec qui j’ai travaillé. C’était vraiment un grand chef. Il y a aussi Christoph Eschenbach qui m’a accompagné aux états unis, en Allemagne. Et aujourd’hui, Yakov Kreizberg, Neville Marriner et David Zinman.

Pentatone, votre label est spécialisé dans le support Super Audio CD. Que pensez-vous de cette nouvelle technologie d’enregistrement ?

J. F. C’est incroyable ! Le Super Audio CD c’est comme être en concert. Il n’y a pas de différence. Lorsque j’ai écouté ça pour la première fois, j’ai vraiment été étonnée et je ne pensais pas que cela puisse être possible.

Que pensez-vous du multicanal pour la musique classique ?

J. F. Ça me paraît un peu difficile. Je ne pense pas que ce soit pour le multicanal que les gens achètent des disques. C’est néanmoins un bon système, mais je ne pense pas qu’il ait une grande influence sur la musique classique.

Ferez-vous de la musique de chambre avec d’autres artistes ?

J. F. Oui, j’aime beaucoup la musique de chambre. J’en fais beaucoup avec Daniel Mueller Schott, et Jonathan Gilad. Nous allons enregistrer un disque ensemble, l’année prochaine.

Ecoutez-vous d’autres genres musicaux comme le Jazz ou la variété internationale ?

J. F. Non, pas du tout. Uniquement de la musique classique.

À part la musique classique, quels sont vos centres d’intérêt artistiques ?

J. F. J’aime bien lire et quand je trouve le temps je visite les musées. Mais c’est très rare. Je n’ai pas vraiment le temps. Je joue du violon, du piano et je suis souvent en concert avec les orchestres et les chefs auprès desquels j’apprends beaucoup. Mais dès que je le peux, je vais faire du sport et d’autres activités de ce genre.

Quels sont vos projets discographiques ?

J. F. Le Concerto de Brahms, son Double Concerto, des Concertos de Mozart et un disque regroupant les Trios pour piano de Mendelssohn avec Jonathan Gilad et Daniel Mueller Schott.

Propos recueillis par Jean-Jacques Millo

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