Opus Haute Définition e-magazine

Interview

Opus Haute Définition e-magazine, 2 octobre 2016

Ingo Schmidt-Lucas, Max Reger en 3D

Vous êtes le fondateur du label allemand Cybèle. Quelles ont été les étapes de votre parcours professionnel ?

I. S.-L. I studied Sound and Vision Engineering in Düsseldorf (majoring in Piano), founded the classical label Cybele in 1994 and created my first surround sound studio in 2000. Two further studios followed soon (2004 and 2007). 2011 was the birth of the download platform hd-klassik . Since 2012 I am teaching at the « Institute for Music and Media » in Düsseldorf the next generation of Sound Engineers. Since 2012 I am doing much research in the so-called « 3D binaural » recording technique.
J’ai étudié les techniques du son et de l’image à Düsseldorf (avec spécialisation en piano), puis j’ai fondé le label classique Cybèle et créé mon premier studio son surround en 2000. Deux autres studios ont bientôt suivi en 2004 et 2007. J’ai inauguré la plateforme de téléchargement hd-klassik en 2011 et depuis 2012, j’enseigne à « l’Institut pour les Média et la musique » à Düsseldorf pour la prochaine génération d’ingénieur du son. Depuis 2012 je fais beaucoup de recherche dans la technique d’enregistrement dite « binaural 3D ».

La création d’un label discographique est toujours une aventure. Pourquoi ce choix ?

I. S.-L. I think founding a classical record label needs several skills, and I have the impression that I have many of them ;) Furthermore classical music is one of my passions since my early childhood.
Je pense que la création d’un label de musique classique réclame plusieurs compétences que j’ai l’impression de posséder. Ce genre musical est l’une de mes passions depuis ma plus tendre enfance.

Votre label sort des sentiers battus en offrant des enregistrements thématiques souvent accompagnés d’interviews. Allez-vous poursuivre dans cette voie ?

I. S.-L. Yes, the beginning of this series, called « Artists in Conversation », was in 2009. My wife Mirjam Wiesemann, being an author, actress, and speaker is developing and forming this series together with me. The adventures and the human encounters with composers, musicians etc. all over Europe for these productions are always very impressive and exciting.
Oui absolument. Cette série intitulée “Conversation avec les artistes” à débuté en 2009. Ma femme Mirjam Wiesemann est actrice, auteur et narratrice et c’est avec elle que j’ai développé et créé cette série d’enregistrements basée notamment sur la rencontre avec des musiciens, des compositeurs etc… Dans toute l’Europe ces productions sont toujours très impressionnantes et excitantes.

Aujourd’hui vous faites paraître une véritable somme musicale, l’intégrale des œuvres pour orgue de Max Reger. Est-ce uniquement le centenaire de sa mort qui a guidé votre choix ?

I. S.-L. Yes and no. Several years ago I had a brain-storming with our organist Martin Schmeding about the next release plans. Since his childhood (as soon as his legs were able to hit the pedal tones…) Martin plays and loves Reger. So he was very keen on releasing his Reger interpretations which is a major undertaking... And this year – 2016 – was, of course, the best year realising Martin’s adventure. It took us 2 ¼ years time for recording, editing and releasing the 17 volumes, which are all released on SACD in native DSD and in Stereo, Surround and 3D Binaural parallely.
Oui et non. Il y a plusieurs années, mon organiste Martin Schmeding et moi réfléchissions aux futures parutions discographiques. Et j’ai découvert que depuis son enfance (dès que ses jambes furent en mesure d’atteindre le pédalier de l’instrument) Martin jouait et aimait Reger. Il était donc très désireux de proposer son interprétation de l’œuvre de Reger, ce qui est une entreprise majeure. Et l’année 2016 était, bien sûr, l’année idéale pour réaliser le souhait de Martin. Il nous a fallu deux ans et demi pour l’enregistrement, le montage et l’édition des 17 SACD en pur DSD, stéréo, multicanal et 3D Binaural en même temps.

Cette édition discographique est unique puisqu’elle propose notamment un procédé sonore en 3D lié à l’écoute au casque. Quel est ce procédé ?

I. S.-L. It’s quite simple : The native human hearing is binaural. So both ears receive the sound from the recording venue. If you now put a pair of headphones on your ears, with this « 3D binaural Stereo » technology you are listening to a recording which was realized with a so-called « artificial head » which reproduces the human hearing in the best way possible as if you would attend the recording venue live.
C’est très simple. L’homme entend en stéréo (binaural). Donc, les deux oreilles reçoivent le son du lieu d’enregistrement. Si vous placez maintenant un casque sur vos oreilles, avec cette « stéréo binaural 3D », vous entendez un enregistrement qui a été réalisé avec une « tête artificielle » et qui reproduit l’audition humaine de la meilleure façon possible, comme si vous étiez sur le lieu même de l’enregistrement.

Le fait d’enregistrer sur plusieurs orgues est-il le désir de votre interprète ou bien un impératif technique ?

I. S.-L. This was the choice of Martin Schmeding, as he was keen on showing different results on (13!) different organs. I am quite sure it would have been quite boring to produce this organ monument of a total playing time of 19 hours only on one instrument…
Ce fut le choix de Martin Schmeding. Il a tenu à jouer sur 13 instruments différents. Et je suis convaincu que jouer ce monument musical d’une durée de 19 heures sur un seul orgue aurait été ennuyeux.

Dès le début vous avez opté pour la technologie DSD. Qu’en pensez-vous ?

I. S.-L. DSD is definitely the digital recording technology which gives the recording producer the possibility to achieve a sound which is as close as possible to the real (analogue) sound which the microphones deliver. And evertime, we want to provide the maximum sound quality to our customers.
La technologie DSD permet au producteur de disques d’obtenir ce qui se rapproche le plus du vrai son (analogique) que délivrent les microphones. Et nous voulons offrir à nos clients la qualité sonore maximale.

Considérer-vous que la technologie PCM liée au CD soit dépassée ?

I. S.-L. The CD was a great idea, but I think over 25 years later with huge technical progress meanwhile all recording producers and listeners should use the enhanced possibilities.
Le CD était une bonne idée, mais je pense que plus de 25 ans plus tard, les producteurs et les auditeurs devraient profiter des progrès techniques et de ce qui se fait de mieux en termes de possibilités d’enregistrement.

Que pensez-vous du Blu-ray pure audio ?

I. S.-L. We don’t go for blu-ray audio as I think that this is the next sort of « island solution » for the audio market which – in my view – is not that much accepted by the customers .
Je ne pense pas que le Blu Ray intéresse beaucoup de monde. Ce n’est pas la solution miracle.

Avez-vous d’autre projet d’intégrale intégrant la technologie 3D ?

I. S.-L. Not yet, but we are working on it as « 3D binaural » technology is an important improvement in sound for our label in general – and finally for the customers – which settles from all other labels.
Pas pour l’instant mais nous travaillons sur la technologie “3D binaural” qui est une amélioration importante dans le domaine du son pour notre label en général, mais également pour les autres.

Propos recueillis par Jean-Jacques Millo
Photos © Uwe Reczko

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