Le cinquième volume de la série « Schubert+ », porté par le pianiste Can Çakmur, s’impose comme une étape majeure en confrontant pour la première fois Schubert à Beethoven. Un disque qui allie profondeur analytique et poésie sonore. Le projet s’est construit autour d’une idée simple mais féconde, mettre en regard l’œuvre de Franz Schubert avec celle de ses contemporains ou prédécesseurs. Dans ce Volume 5, le pianiste turc ose le parallèle avec la figure tutélaire du genre sonate. Jusqu’ici, la série explorait surtout les affinités schubertiennes avec le lied et la musique de chambre. Ici, l’enjeu est d’appréhender la manière dont Schubert s’approprie la forme sonate, héritée de Beethoven, pour en faire un espace narratif et lyrique. Le programme est construit avec la « Sonate en la majeur » D 664 (Schubert), les « 32 Variations en ut mineur WoO 80 » (Beethoven) et la « Sonate en ut mineur » D 958 (Schubert). Can Çakmur se distingue par une clarté du discours musical allié à une riche palette sonore. Son jeu, tour à tour chantant et incisif, révèle la tension entre l’architecture beethovénienne et la poésie schubertienne. Bref, une nouvelle étape indispensable dans le parcours de notre pianiste, que nous saluerons une nouvelle fois avec enthousiasme.

Jean-Jacques Millo