Opus Haute Définition e-magazine

Tatiana Probst

Vox Atramentum (ou l’encre de la voix)

Continuo Classics CC777.758, UVM Distribution

CD stéréo

Tatiana Probst, soprano et compositrice, dévoile avec "Vox Atramentum ou l’encre de la voix" un album profondément personnel et poétique. Ce second opus fait suite à son premier disque consacré à sa musique instrumentale, et marque une nouvelle étape dans son exploration artistique. Il est à la croisée du lyrisme classique et de la création contemporaine. Mais ce disque est bien plus qu’un recueil de morceaux : c’est une traversée émotionnelle, une plongée dans les méandres de l’âme humaine, portée par une voix qui ne chante pas seulement — elle raconte, elle interroge, elle incarne. La voix de Tatiana Probst est certes le fil conducteur de cet album, mais aussi sa matière première. Elle s’y révèle dans toute sa complexité : tantôt cristalline, tantôt rugueuse, toujours expressive. A l’évidence, elle ne cherche pas la perfection technique (diction vacillante) comme une fin en soi, mais plutôt une vérité sonore, une sincérité vibrante. Le choix des œuvres est à la fois éclectique et cohérent. Ses compositions dialoguent avec celles de Debussy, Poulenc, Bonis ou Chausson, dans une mise en abîme subtile entre passé et présent, où chaque pièce semble répondre à une autre, comme si l’album tout entier formait une partition intérieure. Les morceaux de musique de chambre y apportent une respiration, une densité instrumentale qui contraste avec les plages plus épurées. Le piano de Guillaume Vincent et de Jeff Cohen, les cordes d’Alexandre Pascal, d’Iris Scialom, de Violaine Despeyroux, de Laure-Hélène Michel, le clavecin de Hélène Diot, la viole de gambe de Clara Fellmann et le vibraphone de Vassilena Serafimova tissent un écrin délicat autour de la voix, sans jamais l’étouffer. Le titre de l’album, Vox Atramentum, est une trouvaille poétique. L’encre de la voix, c’est cette idée que chanter revient à écrire sur le silence, à tracer des lignes invisibles dans l’air. Notre chanteuse explore cette métaphore avec une grâce mélancolique, une lucidité douce-amère. L’album devient alors journal intime, carnet de bord, confession musicale. "Vox Atramentum" est, à la fois, exigeant et profondément humain. Tatiana Probst y affirme une voix singulière, à la fois compositrice, interprète et poétesse. Une œuvre qui mérite d’être écoutée comme on lit un recueil de poésie : avec le cœur ouvert et le temps suspendu.

Jean-Jacques Millo

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