Opus Haute Définition e-magazine

Brahms. Bartók. Liszt

Oeuvres pour Piano

Alexandre Kantorow (piano)

BIS 2380, Outhere distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

Dans ce récital pianistique, Alexandre Kantorow revisite les Rhapsodies de trois compositeurs. Tout d’abord, celle de Johannes Brahms en si mineur Op.79 N°1 dont la dédicataire, Elizabeth von Herzogenberg, n’approuvait guère la dénomination du genre choisie par le compositeur : "Vous savez, écrivit-elle, que je suis toujours très partisane du terme Klavierstücke qui n’engage à rien, justement parce qu’il n’engage à rien : mais probablement cela ne conviendra pas, auquel cas le nom de Rhapsodie est le meilleur, je pense, bien que la forme clairement définie de cette pièce semble quelque peu en désaccord avec la conception qu’on a d’une rhapsodie". Le programme se poursuit avec la Sonate pour piano N°2 en fa dièse mineur Op.2 en quatre mouvements, puis c’est au tour de Béla Bartók avec sa Rhapsodie Op.1 "qui montre, précise Harry Halbreich, une stylisation encore lisztienne des "verbunkos" (danses de recrutement) du XIXème siècle". Et pour finir ce parcours musical, la Rhapsodie Hongroise N°11 de Franz Liszt, qui déclarait alors : "J’ai voulu donner une sorte d’épopée nationale de la musique bohémienne... Par le mot "Rhapsodie", nous avons voulu désigner l’élément fantastiquement épique que nous avons cru y reconnaître. Chacune de ces productions nous a toujours paru faire partie d’un cycle poétique. Ces fragments ne narrent pas de faits, il est vrai, mais les oreilles qui savent entendre y surprendront l’expression de certains des états de l’âme dans lesquels se résume l’idéal d’une nation". Alexandre Kantorow prouve ici, une nouvelle fois, son grand talent en emportant l’auditeur dans un flot musical puissant et profond à la fois. Cependant, il est dommage qu’une prise de son trop proche du musicien révèle des respirations gênantes.

Jean-Jacques Millo

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