Opus Haute Définition e-magazine

Gustav Mahler

Symphonie N°3

Gerhild Romberger (alto). Cantemus Children’s Choir. Chor des Bayerischen Rundfunks. Budapest Festival Orchestra. Ivan Fischer (direction)

Channel Classics CC SA 38817, Socadisc Distribution

2 Super Audio CD hybrides stéréo/multicanal

La vaste Symphonie N°3 de Gustav Mahler procède plus d’un programme intérieur que d’un programme prosaïque. A ce propos, le compositeur déclarait à son ami Arthur Seidl : « Vous avez parfaitement caractérisé mes buts à l’opposé de ceux de Richard Strauss ; vous avez raison : ma musique arrive finalement au programme comme à une ultime élucidation idéelle, alors que chez Strauss le programme est là comme un pensum ». Car la description de la nature est au centre de cette troisième symphonie. Ce qui fait dire au musicologue Jean Matter : « On peut dès lors saisir plus clairement le singulier rapport que l’œuvre de Mahler entretient avec l’idée de nature. La vision mahlérienne du monde, de la nature, n’est pas palpable mais optique, si l’on peut dire. Elle regarde, dans la musique, à travers l’abondance extérieure du sensible, du monde des apparences, vers le vrai monde. Le monde que reflète la Troisième Symphonie, c’est « la nature comme totalité qui, pour ainsi dire, s’éveille aux sons et aux timbres d’un silence insondable » ». Dans un esprit de clarté absolu, Ivan Fischer place son interprétation au niveau d’une évocation où la finesse et la subtilité des timbres sont au centre d’un tableau musical des plus humains, loin du fracas de la création. Cette démarche peut surprendre, mais prend toute son ampleur au terme d’un parcours passionnant dont la voix de Gerhild Romberger n’est pas le moindre atout.

Jean-Jacques Millo

Visuel